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Martin Winckler, pseudonyme de Marc Zaffran, né le 22 février 1955 à Alger, est un médecin militant féministe français connu comme romancier et essayiste. Évoquant souvent la situation du système médical français, il est également critique de séries télévisées et traducteur. Il est aujourd'hui citoyen canadien et vit à Montréal (Canada).

Ses parents, mariés en 1952, sont tous deux natifs d'Algérie française et de confession juive. Sa mère, Denise Miguéres, dite Nelly, est mère d'une petite fille nommée Claude, née d'une précédente union, et son père Ange Zaffran, surnommé "Zaza", est médecin spécialisé en pneumo-phtisiologie, à Alger. Marc (alias Martin Winckler) y naît en février 1955, suivi par son frère, Michel, un an et demi plus tard, en octobre 1956.

Les événements en Algérie durant les derniers temps de la Révolution algérienne contraignent la famille à quitter précipitamment le pays en octobre 1961, car le père, Ange, est menacé de mort par des membres de l'OAS. La famille, adepte du sionisme, se réfugie en Israël, aidée par l'Agence juive, à laquelle Ange appartenait. Cependant, celui-ci n'y trouve pas de poste de médecin, et comprenant peu à peu, dépité, que cette "terre promise" est loin de ses rêves et de ses espérances, après une année sur place, il décide de tenter de s'installer en France, fin 1962. La famille rejoint le frère de la mère, dans le Massif central, et Ange cherche à reprendre un cabinet de médecine, générale cette fois, car il lui est impossible d'en trouver un dans sa spécialité, devenue quelque peu marginale, avec les avancées de la médecine sur la tuberculose.

C'est à Pithiviers, dans le Loiret, qu'il en trouve enfin un, et la famille s'y installe, en 1963. Marc a alors 8 ans, et c'est donc dans cette ville qu'il grandit.

Le jeune garçon a tôt le goût du cinéma et de la lecture : « Le cinéma. La Bibliothèque pour tous. La librairie. Le marchand de journaux. Pendant la plus grande partie de mon enfance finissant, et de mon adolescence, ce sont mes principales destinations quand je sors de chez moi. ». Cela l'inspire pour l'écriture, et il produit énormément, dès sa préadolescence, surtout, selon ses dires, « des histoires courtes », à l'époque.

Son père les fait séjourner, son frère et lui, plusieurs étés en Angleterre pour qu'ils y apprennent la langue : à 16 ans, il la maîtrise déjà plutôt bien, et curieux de la culture américaine, qu'il découvre en partie grâce aux séries télévisées, il décide de partir séjourner aux États-Unis après son baccalauréat, poursuivre ses études durant un an, de 1972 à 1973, logé dans une famille d'accueil à Bloomington, dans le Minnesota. Il profite de ses études à l'étranger pour apprendre la dactylographie, et auprès de ses professeurs américains qui « l’encourageaient à l'expression personnelle et la créativité », il trouve une valorisation de ses inclinations à l'écriture qu'il n'avait pas beaucoup connue en France. Ces encouragements, conjugués à sa maîtrise du clavier, le font écrire plus intensément, et plus rapidement, ce qui transforme son rapport à l'écriture. Pour lui, concernant ce séjour aux États-Unis : « À tous points de vue, cette année a été un moment déterminant de ma vie. »

De retour en France, il échoue la première fois au concours d'entrée de Médecine, et veut alors retourner aux États-Unis, suivre des études de journalisme. Son père, médecin, s'y oppose, il souhaite que son aîné suive la même voie que lui, pensant qu'il est « fait pour soigner et il avait raison », selon le principal intéressé, a posteriori. Les États-Unis continuent de le faire rêver, il s'intéresse de près à sa culture et ses œuvres cinématographiques, et il y séjournera plusieurs fois durant ses études de médecine qu'il suit à Tours, pour y revoir sa famille d'accueil, avec laquelle il conserve des liens jusqu'à ce jour.

Diplômé de la faculté de médecine de Tours en 1982, il s'installe l'année suivante à Joué-l'Abbé dans la Sarthe et exerce dans un cabinet médical de campagne jusqu'en 1993. À partir de 1983, et jusqu'en 1989, il collabore à la revue Prescrire sous son vrai nom.

En 1987, il publie sa première nouvelle dans la revue "Nouvelles Nouvelles", dirigée par Claude Pujade-Renaud et Daniel Zimmermann sous le pseudonyme de Martin Winckler, choisi en hommage à Georges Perec : Gaspard Winckler est un personnage de La Vie mode d'emploi.

Son premier roman La Vacation est publié en 1989 et introduit le personnage du docteur Bruno Sachs, médecin généraliste de campagne qui pratique des avortements lors de vacations hebdomadaires à l'hôpital de la ville imaginaire de Tourmens ; Bruno Sachs devient célèbre avec La Maladie de Sachs.

Les Cahiers Marcoeur, le premier roman qu'il ait commencé à écrire dès 1979 (achevé en 1992 après la publication de La Vacation), est refusé par son éditeur P.O.L (resté inédit sous forme de livre, il sera mis en ligne en 2004 par Martin Winckler sur son site internet). Divers thèmes (ou détails) de ses futures œuvres y apparaissent déjà, mêlés à de nombreuses références culturelles (savantes ou populaires) et autobiographiques (comme l'anecdote sur Albert Camus qui, adolescent, jouait au football au poste de gardien de but, racontée par Ange Zaffran, le père de l'auteur).

En 1993, il quitte son exercice de médecin de campagne, devient traducteur et écrivain à temps plein tout en continuant à exercer la médecine à temps partiel à l'hôpital du Mans dans le service de Planification (IVG, contraception, gynécologie courante). Il y travaille jusqu'en décembre 2008, avant d'émigrer au Canada.

Le refus de P.O.L d'éditer Les Cahiers Marcoeur l'affecte beaucoup, mais il ne se décourage pas et entreprend bientôt un nouveau roman dont Bruno Sachs est encore le héros. D'abord intitulé Les Relations puis La Relation, c'est sous le titre de La Maladie de Sachs qu'il est publié en 1998. Il obtient la même année le Prix du Livre Inter, et remporte un grand succès auprès du public. Il est porté à l'écran sous ce titre l'année suivante, par Rosalinde et Michel Deville, avec Albert Dupontel dans le rôle de Sachs.

Le succès du roman rend Winckler célèbre et lui ouvre la porte de certains médias (particulièrement la radio France Inter, suite logique à son prix du Livre Inter).

De septembre 2002 à juillet 2003, il prépare et lit chaque matin Odyssée, une chronique sur France Inter, où il exprime franchement ses idées sur la médecine en France et la façon dont les séries télévisées sont diffusées par les chaînes françaises. Ses critiques des laboratoires pharmaceutiques lui valent néanmoins la suppression de son passage à l'antenne8.

Depuis 2004, son site internet publie des articles et contributions sur le soin, la contraception, les séries télévisées. La section « Contraception et Gynécologie » est la plus visitée, certains articles (sur les règles ou la pilule) totalisant plusieurs centaines de milliers de visites.

Fin 2008, il cesse d'exercer la médecine en France (et n'est d'ailleurs plus inscrit à l'Ordre des Médecins depuis le 30 novembre 2012). En février 2009, il part s'installer à Montréal (Québec).

De février 2009 au printemps 2012, il est chercheur invité au Centre de Recherches en éthique à l'Université de Montréal (CREUM), pour un projet de recherche sur la formation des soignants[réf. souhaitée] ; il utilise le décor du CREUM pour son roman Les Invisibles, troisième d'une série de romans policiers commencée avec Mort in Vitro et Camisoles.

Entre 2009 et 2019, il est écrivain en résidence et/ou assure des charges de cours et des enseignements à l'Université de Montréal (Ethique clinique et création littéraire), à l'Université McGill (création littéraire et ateliers d'écriture pour les étudiants en médecine), au département de Littérature française de l'Université d'Ottawa (création littéraire); il participe également au programme Médecine et Humanités à la Faculté de médecine d'Ottawa (Ethique et téléséries, psychologie évolutionniste, médecine darwinienne). Il prépare et soutient (en 2015) une Maîtrise dans le cadre des Programmes de bioéthique de l'Université de Montréal. Le 22 août 2019, il devient citoyen canadien.

Son ouvrage de 2016 intitulé Les Brutes en blanc, consacré à la maltraitance médicale, a fait l'objet d'un communiqué du Conseil national de l'Ordre des Médecins, qui lui reproche d'avoir pratiqué « la caricature et l'amalgame » et de généraliser à l'ensemble de la profession médicale les dérives de quelques praticiens, dont les pratiques sont condamnées fermement. L'Ordre rappelle par ailleurs que 97 % des patients en France se déclarent satisfaits de leur relation avec leur médecin traitant, au contraire des allégations soutenues dans l'ouvrage.

Depuis, d'autres ouvrages sont venus confirmer, documents et témoignages à l'appui, les propos de Winckler, en particulier dans le domaine de la formation des soignants - citons Valérie Auslender - Omerta à l'hôpital, 2017) et Cécile Andrzejewski (Silence sous la blouse, 2019) ; ainsi que dans celui des violences gynécologiques et obstétricales : Mélanie Déchalotte (Le livre noir de la gynécologie, 2017), Marie-Hélène Lahaye (Accouchement, les femmes méritent mieux, 2018). A la sortie de ces ouvrages, l'Ordre des Médecins n'a publié aucun communiqué.

Malgré la levée de bouclier d'une partie de la profession, l'expression "brute en blanc" est (sur les réseaux sociaux français, au moins) passée dans le langage courant.

En octobre 2019, Martin Winckler publie un livre co-écrit avec un confrère généraliste et algologue, le Dr Alain Gahagnon, intitulé Tu comprendras ta douleur ! Pourquoi vous avez mal et que faire pour que ça cesse. Il réalise en cela un vieux projet. Sa préoccupation à l'égard du sous-traitement de la douleur en France était déjà manifeste début mai 1998, à France Inter lors du journal de la mi-journée pendant lequel était annoncée la remise du Livre Inter à La Maladie de Sachs. Au milieu des années 1980, Winckler avait co-rédigé, dans la Revue Prescrire, les premiers articles sur le traitement de la douleur par la morphine chez les malades, hommes ou femmes, atteints de cancer.

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