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Gibran Khalil Gibran (en arabe : جبران خليل جبران), né le 6 janvier 1883 à Bcharré (dans la moutassarifat du Mont-Liban) et mort le 10 avril 1931 à New York, fut un poète libanais d'expression arabe et anglaise, et un artiste peintre. Il séjourna en Europe et passa la majeure partie de sa vie aux États-Unis.

Son recueil de textes poétiques en anglais The Prophet (traduit par « Le Prophète » en français), publié en 1923, devint particulièrement populaire pendant les années 1960 dans le courant de la contre-culture et les mouvements « New Age ». Son œuvre poétique le fit comparer à William Blake

 

Gibran naquit le 6 janvier 1883 à Bcharré, dans la moutassarifat du Mont-Liban, province autonome de l'Empire ottoman, de Kamlé, fille d’un prêtre maronite, alors âgée d'environ vingt-quatre ans, et de Khalil, troisième époux de celle-ci et de six ans son aîné, et dont un oncle, dans la boutique duquel il travaillait, était apothicaire. Le nom de Gibran comprend successivement son prénom (Gibran), le prénom de son père (Khalil), et son nom de famille (Gibran). Aux États-Unis, lorsqu'il entrera à l'école, son prénom sera remplacé par « Khalil », incorrectement orthographié « Kahlil », qu'il choisira pour signer ses œuvres en anglais. Gibran fréquenta d'abord une école primaire de Bcharré, où l'enseignement semble avoir été réduit au calcul élémentaire, à l'écriture et à la lecture dans les langues arabe et syriaque, et au service de la messe selon le rite maronite.

Ayant contracté une dette de jeu qu'il fut incapable de payer, Khalil, le père de Gibran, se mit au service d'un administrateur nommé par les autorités ottomanes ou chef de guerre local. Vers 1891, le père de Gibran fut incarcéré sur des allégations de détournement de fonds, et les biens de sa famille furent confisqués par les autorités. Bien que le père de Gibran fût libéré en 1894, Kamlé partit pour les États-Unis en 1895 avec Gibran, les jeunes sœurs de celui-ci, Mariana et Sultana, et leur aîné et demi-frère Boutros, débarquant à New York le 25 juin, d'où ils rejoignirent Boston, où vivait à l'époque la deuxième plus grande communauté syro-libanaise des États-Unis, et où ils furent hébergés un temps par le petit-fils d'un frère d'un arrière-grand-père de Gibran et l'épouse de celui-ci, avant de s’installer au 9, Oliver Place, dans le South End de Boston5.

Gibran photographié par Fred Holland Day vers 1898.

Kamlé travailla en vendant du linge de maison qu’elle transportait de porte en porte, puis comme couturière itinérante, jusqu'à ce qu'un an plus tard elle eût réuni assez d'argent pour permette à Boutros d'ouvrir une boutique. Gibran commença l’école à la Quincy School le 30 septembre 1895. Il fréquenta aussi la Denison House. L'année suivante, une enseignante de Gibran présenta celui-ci à une assistante sociale qui le présenta elle-même à Fred Holland Day, qui le soutint dans ses efforts de création et le fit connaître par d'autres artistes5. En 1898, Gibran commença à illustrer des couvertures de livres.

Kamlé et Boutros envoyèrent Gibran, âgé de quinze ans, dans son pays natal pour y poursuivre ses études. Il étudia au collège de la Sagesse à Beyrouth. Le 4 avril 1902, sa sœur Sultana mourut, âgée de quatorze ans, de ce qui sembla être la tuberculose ; ayant appris cette nouvelle, Gibran revint à Boston, y arrivant deux semaines après l'enterrement de Sultana, en étant passé par Ellis Island le 10 mai. L’année suivante, Boutros décéda de la même maladie et sa mère mourut d’un cancer. Sa sœur Mariana semble avoir subvenu aux besoins matériels d'elle-même et de Gibran grâce à un emploi dans un atelier de couture.

Les dessins de Gibran furent exposés pour la première fois en 1904 à Boston, au studio de Fred Holland Day, où Gibran rencontra Mary Elizabeth Haskell, directrice d'école, « qui deviendra son amie intime, sa protectrice et sa bienfaitrice ». En 1905, Gibran publia un livre en arabe, Nubḏaẗ fī fann al-mūsīqá, aux éditions Al-Muhāǧir. Il publia deux autres livres en arabe au cours des trois années suivantes : ‘Arā’is al-murūǧ (signifiant « Les Nymphes des vallées ») en 1906 et Al-Arwāḥ al-mutamarridaẗ (signifiant « Les Esprits rebelles ») en 1908. En 1908, grâce à Mary Haskell, Gibran partit étudier l’art à Paris. Il y fréquenta l'académie Julian puis l'atelier de Pierre Marcel-Béronneau. Le père de Gibran mourut en 1909. En 1910, les autorités ottomanes ordonnèrent l'autodafé en place publique d'Al-Arwāḥ al-mutamarridaẗ. Le 22 octobre 1910, Gibran repartit aux États-Unis. Il débarqua à New York le 31 octobre et fut revenu à Boston le lendemain.

Gibran au plus tard en 1920.

En 1911, Gibran s'installa à New York. En janvier 1912, un livre en arabe de Gibran, Al-Aǧniḥaẗ al-mutakassiraẗ (signifiant « Les Ailes brisées »), fut publié aux éditions Mirʾāẗ al-ġarb. En avril, il fut présenté à Abbas Effendi par Juliet Thompson. À la mi-décembre 1913 fut publié dans le journal Al-Sāʾiḥ (signifiant « Le Pèlerin ») un article de Gibran en arabe dans lequel Gibran s'était présenté comme « chrétien et fier de l'être », « cependant » aimant « le prophète arabe » et « en » appellant « à la grandeur de son nom », chérissant « la gloire de l'Islam » et craignant que celle-ci ne s'étiolât, aimant « le Coran », et ayant « logé Jésus dans une moitié de son cœur et Mahomet dans l'autre moitié ». En 1914 fut publié un livre en arabe de Gibran, Damʿaẗ wa-ibtisāmaẗ (signifiant « Larme et sourire »), aux éditions Atlantic. En 1915, il fut nommé secrétaire du Comité d’aide aux sinistrés de la Syrie et du Mont-Liban, puis adhéra au Comité des volontaires de la Syrie et du Mont-Liban. La même année, Gibran entama l'écriture de The Prophet. En septembre 1918 fut publié par Alfred A. Knopf son premier livre en anglais, The Madman (signifiant « Le Fou »), recueil de paraboles et de poèmes dont Gibran avait déjà fait paraître l'un, intitulé « Defeat », dans un « leaflet for Serbia ». L'année suivante, furent publiés un livre en arabe, Al-Mawākib(signifiant « [Les] Processions »), aux éditions Mirʾāẗ al-ġarb, et un livre en anglais, Twenty Drawings (signifiant « Vingt Dessins »), chez Alfred A. Knopf. En 1920, furent publiés un livre en arabe, Al-ʿAwāṣif (signifiant « Les Tempêtes »), au Caire aux éditions Al-Hilāl, et un livre en anglais, The Forerunner (signifiant « Le Précurseur »), chez Alfred A. Knopf. Le 28 avril 1920, Gibran forma avec d'autres écrivains une « ligue de la plume » 

En 1923 furent publiés un livre en arabe de Gibran, Al-Badāʾiʿ wa-al-ṭarāʾif (signifiant « [Les] Merveilles et [les] curiosités »), au Caire aux éditions Al-Maṭbaʿaẗ al-ʿaṣriyyaẗ, et The Prophet chez Alfred A. Knopf. À une lecture de The Prophet organisée par le pasteur William Norman Guthrie à Saint Mark's Church, Gibran fit la connaissance de Barbara Young, qui sera sa secrétaire à partir de 1925. En 1926, un livre en anglais de Gibran fut publié, Sand and Foam (signifiant « Sable et écume »), chez Alfred A. Knopf. En 1928, Gibran publia chez Alfred A. Knopf un livre en anglais, Jesus, the Son of Man (signifiant « Jésus, le fils de l'homme »), le plus long ouvrage qu'il eût jamais entrepris d'écrire, et qu'il aurait dit à Barbara Young avoir commencé à écrire après qu'il « “fut saisi” d'une stupéfaction spirituelle » le 12 novembre 1926.

Le 14 mars 1931 fut publié un livre en anglais de Gibran, The Earth Gods (signifiant « Les Dieux de la Terre »), chez Alfred A. Knopf. Gibran mourut le 10 avril 1931 à l'hôpital Saint Vincent de New York, qui attribua son décès à « une cirrhose du foie et un début de tuberculose dans l'un des poumons ». L'année suivante, son corps fut rapatrié au Liban et déposé dans la vieille chapelle du monastère de Mar Sarkis situé à la périphérie de Bcharré, devenu depuis un musée dédié à Gibran.

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