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"Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d'eux seuls préoccupés, goûtaient l'un à l'autre, soigneux, profonds, perdus. Béate d'être tenue et guidée, elle ignorait le monde, écoutait le bonheur dans ses veines, parfois s'admirant dans les hautes glaces des murs, élégante, émouvante, exceptionnelle, femme aimée, parfois reculant la tête pour mieux le voir qui lui murmurait des merveilles point toujours comprises, car elle le regardait trop, mais toujours de toute son âme approuvées, qui lui murmurait qu'ils étaient amoureux, et elle avait alors un impalpable rire tremblé, voilà, oui, c'était cela, amoureux, et il lui murmurait qu'il se mourait de baiser et bénir les longs cils recourbés, mais non pas ici, plus tard, lorsqu'ils seraient seuls, et alors elle murmurait qu'ils avaient toute la vie, et soudain elle avait peur de lui avoir déplu, trop sûre d'elle, mais non, ô bonheur, il lui souriait et contre lui la gardait et murmurait que tous les soirs ils se verraient."
Ariane devant son seigneur, son maître, son aimé Solal, tous deux entourés d'une foule de comparses : ce roman n'est rien de moins que le chef-d'œuvre de la littérature amoureuse de notre époque.

Je ne sais pas par ou commencer. 1100 pages. C'est intimidant. Des choses dans ce roman, il s'en passe et en même temps, il ne s'en passe pas tant que ça, car c'est un roman très lent. On peut passer 60 pages sur la même journée. Je ne l'ai pas aimé ni détesté. Je l'ai trouvé très drôle et très triste. Très drôle, car on voit tous les travers des gens et les descriptions qui en sont faites sont succulentes. Il invente des mots et des expressions. Les oncles sont fantastiques. Juste pour eux je veux bien lire le roman Mangeclous. Je les ai adoré. Adrien et sa famille ... Pauvre Adrien. Il ne lui convenait tellement pas. Un somnifère pour elle. Il faut dire par contre que l'auteur, au départ ne nous le rend pas attachant, mais avec le recul, on développe de la pitié pour lui. Idem pour Ariane. Quelle peste égoïste qui se transforme en victime de l'amour et des apparences. Je ne l'aimais pas, mais j'avais de la pitié pour elle. Solal lui, je l'ai trouvé tellement égoïste. Il aurait pu tout faire autrement et ça aurait peut-être pu finir autrement. J'en sais rien. C'est difficile. L'amour, l'illusion d'amour, la pitié, la vie, la mort, le paraître, l'ennuie ... tout s'y entremêle. C'est riche en émotions. On passe de l'amour a la tristesse a la colère au dégoût... Même leur joie nous faisait pitié. C'est un roman qui arrache le cÅ“ur. Un grand, un bel amour, une prison d'amour. J'ai lu quelques passages en diagonale, ceux dans lesquels Solal divague sur la religion. Ô Seigneur bla bla bla ... Non merci. Toutes ces représentations, tout ce mal qui se sont donnés. La pitié du corps qui bientôt ne sera plus ... 
J'ai regardé la bande annonce du film. Je n'y retrouve absolument rien du livre. Il nous le vende un peu comme un thriller. Je n'ai pas trouvé ce suspense dans le roman. On voyait la fin arriver. On savait comment ça allait finir. On souffrait de se l'imaginer. On savait que c'était leur seule issue. Aujourd'hui, ce serait différent, mais pour l'époque ...
Bref, si vous avez beaucoup de temps, c'est un beau roman. Lent, mais très riche. 

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